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Projets éoliens en mer : les atouts de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV)

Paula Pérez-López et Mélanie Douziech sont respectivement chargée de recherche, et assistante de recherche (Tenure Track), au Centre Observation, Impacts, Energie (O.I.E.) de Mines Paris PSL. Elles participent actuellement au projet LIF-OWI, porté par France Energies Marines. A la clé, une méthodologie de référence pour mieux comprendre les impacts environnementaux des systèmes éoliens en mer et, ainsi, contribuer à leur écoconception. Interview et explications.

« Ce projet vise à développer, en collaboration avec différents partenaires industriels, un cadre méthodologique pour l’application de l’Analyse de Cycle de Vie environnementale et sociale aux projets éoliens - français - en mer, qu’ils soient posés ou flottants » explique Paula.

L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) ? Cette méthode recense et quantifie, tout au long du cycle  de vie d’un produit, ou d’un système, les flux physiques de matières et d’énergies associés aux activités humaines et en évalue différents indicateurs d’impacts environnementaux. Le projet LIF-OWI a été lancé fin 2020. Le programme se développera sur 36 mois avec une fin programmée en 2023. Il est co-financé par France Energies Marines, l’Agence Nationale de la Recherche et l’Ademe. 

Expertises et organisation

« Nous sommes les coordinatrices scientifiques du projet et collaborons avec des experts industriels partenaires. Dans l’équipe, nous apportons nos connaissances approfondies des techniques d’ACV environnementale et sociale » souligne Paula. « Nous nous appuyons aussi sur la Norwegian University of Science and Technology, autre partenaire académique, pour tout ce qui concerne les conséquences de l’implantation d’un parc éolien offshore sur la biodiversité locale », détaille Mélanie.  « Nous sommes toutes les deux mobilisées sur la coordination globale, mais nous nous répartissons certains axes ».

Mélanie s’occupe plus particulièrement du lot 2, consacré au développement du cadre méthodologique de l’ACV environnementale. Quant à Paula, elle pilote le lot 3, dédié à l’ACV sociale, permettant d’évaluer les enjeux sociaux, sociétaux et économiques de la filière.

Objectif : un outil d’aide à la décision

« Nous nous appuyons sur des sites éoliens existants ou en construction et, plus particulièrement, sur les données qui en sont issues, pour identifier des cas généraux et définir un cadre méthodologique plus générique pour l’évaluation par ACV. Nous avons plusieurs cas d’études », explique Paula.

Il existe en effet des écarts technologiques (éolien posé ou flottant), des différences de conception sur les installations (type de flotteur, type de turbine), ou sur la partie raccordement au réseau de transport d’électricité.

« Nous identifions des complémentarités sur les briques qui correspondent aux projets des partenaires industriels. Le cadre méthodologique développé sera appliqué ensuite à un cas d'étude pour chacun d’entre eux. Nous allons ainsi fournir un véritable outil d’aide à la décision. »

L’ACV, un atout stratégique

Les questions environnementales et sociales revêtent de plus en plus d’importance pour les industriels de la filière éolienne en mer. Dans ce cadre-là, l’ACV est la méthodologie de référence pour mieux comprendre les impacts environnementaux des systèmes éoliens et, ainsi, contribuer à l‘essor de leur écoconception. L’utilisation de la méthode d’ACV sociale permettra, en outre, d’analyser les enjeux sociaux et sociétaux, et de proposer des pistes pour contribuer à une meilleure acceptabilité.

« Nous contribuerons à fournir des ordres de grandeur pour une série d’indicateurs ACV d’impacts environnementaux, parmi lesquels on trouve l’effet sur le changement climatique, en passe de devenir un critère obligatoire dans les appels à projets. C’est une façon de dégager une objectivité scientifique et des axes d’amélioration. Des études spécifiques permettront notamment d’aborder des questions parfois sensibles, telles que l’impact sur la pêche, la migration des oiseaux, la question des câbles off-shore et des émissions électro-magnétiques…  La méthode que nous développons collectivement permettra certainement d’apporter des réponses », concluent Mélanie et Paula.

Et la suite ? Rendez-vous à l’automne 2021 pour un point d‘étape.